L’accessibilité web en 2024 : bonnes pratiques pour un design inclusif et performant

Pourquoi l’accessibilité web mérite toute votre attention en 2024

En 2024, l’accessibilité web n’est plus un supplément facultatif : c’est une exigence. Loin de n’intéresser qu’une minorité, elle concerne des millions d’utilisateurs et reflète l’éthique numérique d’une entreprise. Pour les professionnels du web, c’est un levier de performance, de visibilité sur Google (oui, le SEO adore l’accessibilité), mais aussi une obligation légale incontournable.

En France, la loi pour une République numérique (2016), renforcée par le décret n°2019-768 et la directive européenne 2016/2102, impose aux sites publics et, depuis peu, à une partie des sites privés, de garantir un accès à leurs services numériques pour tous, y compris les personnes en situation de handicap. Le référentiel RGAA (Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité) est la boussole à suivre. Mais comment respecter ces normes sans sacrifier l’esthétique et la performance d’un site ?

Un design inclusif ne bride pas la créativité… il l’élargit

L’accessibilité n’est pas le contraire du design moderne. C’est une façon plus intelligente, plus durable de penser l’expérience utilisateur. En tenant compte dès la conception des différences de perception (malvoyance, daltonisme, dyslexie) ou de navigation (clavier, lecteur d’écran, affichage mobile), on crée une interface solide, flexible… et universelle.

Un bon site accessible est aussi esthétique, rapide, SEO-friendly, et globalement plus efficace qu’un site qui ne l’est pas. Bonus : comme il respecte des normes strictes (structure du code, hiérarchie des titres, alternatives textuelles), son positionnement sur les moteurs de recherche en est souvent renforcé.

Les 10 bonnes pratiques d’accessibilité à adopter dès maintenant

Pas besoin d’être un expert du RGAA pour améliorer immédiatement l’accessibilité de vos interfaces. Voici les réflexes incontournables à adopter ou à renforcer en 2024 :

  • Structurez avec logique : utilisez correctement les balises HTML sémantiques : <header>, <nav>, <main>, <section>, <article>.
  • Hiérarchisez les titres : une bonne arborescence H1 à H6 n’est pas seulement utile au référencement, elle facilite la navigation aux lecteurs d’écran.
  • Traduisez les images : chaque image informative doit disposer d’un attribut alt pertinent. Évitez les descriptions génériques « image d’un bouton », préférez « bouton pour valider l’inscription ».
  • Des contrastes suffisants : assurez-vous que le contraste entre texte et fond respecte un ratio minimum de 4.5:1 (niveau AA du WCAG 2.1), voire 7:1 pour les contenus critiques.
  • Navigation au clavier : le site doit être navigable sans souris. Testez tabulation, navigation inversée (Shift + Tab), focus clair et ordonné.
  • Textes clairs et lisibles : évitez le jargon technique, utilisez une taille de police d’au moins 16px, et laissez de l’espace (line-height, paragraphes aérés).
  • Formulaires accessibles : chaque <input> doit être lié à un <label> clair. Prévoyez des messages d’erreur explicites et accessibles aux lecteurs d’écran.
  • Animations maîtrisées : prévoyez une option pour désactiver les animations ou effets visuels qui pourraient gêner les personnes photosensibles ou neuroatypiques.
  • Multimédia adapté : proposez des sous-titres synchronisés, des transcriptions et des audiodescriptions si besoin pour vos vidéos ou podcasts.
  • Faites des audits réguliers : utilisez des outils comme WAVE, Axe ou encore Tanaguru Runner pour détecter les erreurs et ajuster votre site régulièrement.
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L’accessibilité mobile, le terrain à ne pas négliger

En 2024, plus de la moitié des consultations web se fait sur smartphone. Pourtant, beaucoup de sites accessibles sur desktop se révèlent catastrophiques sur mobile. Problèmes d’espacement, boutons trop petits ou trop proches, titres tronqués, contenu chargé lentement… c’est un véritable repoussoir pour les utilisateurs, et un signal rouge pour Google.

Voici quelques ajustements à surveiller de près :

  • Assurez un espacement suffisant autour des éléments cliquables (au moins 44x44px recommandé par les WCAG).
  • Gérez le zoom utilisateur : ne désactivez pas le zoom avec user-scalable=no dans la balise <meta viewport>.
  • Optimisez le temps de chargement via le lazy loading, l’optimisation des images et le chargement asynchrone des scripts.
  • Optez pour un design adaptatif, pas seulement responsive. Pensez aux usages métiers spécifiques sur mobile (formulaires courts, boutons clairs, navigation simplifiée).

Accessibilité et SEO : une alliance gagnante

Vous aimez le trafic organique ? Tant mieux, car Google aime les sites accessibles. Plus vos pages respectent les standards d’accessibilité, mieux elles sont comprises par les robots d’indexation. En structurant les balises, en ajoutant des alt clairs, en améliorant la lisibilité, vous cochez aussi beaucoup de critères SEO essentiels.

Pire encore : un site inaccessible peut entraîner un taux de rebond important, et donc pénaliser son référencement. Quand l’audience ne comprend pas comment utiliser votre site ou ne peut accéder à certains contenus, elle le quitte… et plus vite qu’elle n’est arrivée. Les Core Web Vitals incluent d’ailleurs déjà des critères qui croisent UX et accessibilité, comme la stabilité visuelle (CLS) ou le temps de réponse des interactions (FID et INP).

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Obligation légale : votre site est-il en règle ?

La réglementation a heureusement progressé ces dernières années. Si vous développez un site pour une collectivité, une administration ou un service public, alors l’accessibilité est obligatoire, peu importe le budget, le design ou le CMS utilisé. C’est la loi.

Depuis 2020, les organismes publics doivent publier une déclaration d’accessibilité à jour sur leur site, indiquant leur niveau de conformité au RGAA. En cas de non-conformité, ils sont tenus de proposer une alternative accessible ou un contact pour signaler les difficultés.

Les entreprises privées (e-commerce, banques, compagnies de transport) de plus de 250 millions d’euros de chiffre d’affaires doivent également se conformer aux exigences de la directive européenne relative aux exigences d’accessibilité des produits et services (adoptée en France dans le Code de la consommation, art. L412-1 à L412-5).

Enfreindre ces règles, c’est s’exposer à des sanctions pouvant aller jusqu’à 20 000€ de pénalité administrative par an. Mais c’est aussi, et surtout, prendre le risque de rater un public large… et fidèle lorsqu’il se sent compris.

Transformer l’accessibilité en avantage compétitif

Penser l’accessibilité web, c’est révéler la puissance du web pour tous. En 2024, les utilisateurs ne tolèrent plus l’exclusion, même involontaire. Et c’est aussi une excellente nouvelle : car faire mieux pour les autres, c’est aussi faire mieux pour son business.

L’accessibilité peut vous différencier de vos concurrents, améliorer votre réputation, booster votre SEO, réduire vos coûts de maintenance et… rendre vos utilisateurs drôlement plus heureux. Alors, prêt à (re)penser votre design dans une logique plus inclusive, durable et performante ?

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